dimanche 18 décembre 2011

Création monétaire et triple A


Dans la polémique actuelle entre la France et l'Angleterre, il faut se poser la question pourquoi l'Angleterre bénéficie des taux d'intérêt plus bas que la France et que son triple A n'est pas menacé alors que le triple A français va sauter dans les semaines qui viennent.Tout ça alors que la situation économique de la Grande Bretagne est pire que celle de la France. La raison est simple, la banque centrale d'Angleterre a le droit d'acheter de la dette publique (monétisation de la dette), ceci diminue le besoin du gouvernement anglais de s'endetter sur les marchés et mécaniquement ça provoque une diminution des taux (puisque les besoins d'emprunter sont moindres).

mardi 13 décembre 2011

Fed : un casse anti-démocratique de... 7770 milliards de dollars !



Le 28 novembre dernier, l'agence Bloomberg a publié un article qui aurait dû avoir un retentissement cataclysmique. Le silence qui s'en est en fait suivi est fort instructif... Le Post 08/12/2011

lundi 12 décembre 2011

Un futur inacceptable

Nucléaire : le moyen le plus dangereux de faire bouillir de l’eau 

Par BERNARD LAPONCHE Polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, expert en politiques de l'énergie et de maîtrise de l'énergie - Libération - Le 24 Mars 2011


Le caractère mystérieux de l’énergie nucléaire et l’aura scientifique qui l’entoure masquent pour beaucoup la réalité de son utilisation dans les centrales nucléaires : il s’agit de chauffer de l’eau sous une pression suffisante, ou de la faire bouillir, afin de produire de la vapeur produisant à son tour de l’électricité grâce à un turboalternateur, comme dans une chaudière à charbon. Un réacteur nucléaire est une chaudière dans laquelle la chaleur, au lieu d’être produite par la combustion du charbon par exemple, est produite par la fission des noyaux d’uranium 235 contenus dans le combustible (des «crayons» d’uranium ou d’oxyde d’uranium).

Quelle énergie pour l'avenir ?

Il y a une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe 
Bernard Laponche ENTRETIEN Télérama n° 3205 - Le 19 juin 2011    

Physicien nucléaire, polytechnicien, Bernard Laponche est formel : la France est dans l'erreur. Avec le nucléaire, elle s'obstine à privilégier une énergie non seulement dangereuse mais obsolète. Alors que d'autres solutions existent, grâce auxquelles les Allemands ont déjà commencé leur transition énergétique. 

France, peut-on sortir du nucléaire ?

Le choc de Fukushima a conduit à poser une question longtemps interdite : la France peut-elle abandonner l’énergie nucléaire ? LEMONDE.FR | 24.11.11 |
Et entre deux des meilleurs spécialistes de l’énergie. L’un, Thierry S le débat peut s’organiser, alomon, est ingénieur énergéticien, et préside l’association négaWatt, qui vient de publier un scénario de transition énergétique. Quant à Bertrand Barré, il a été directeur des réacteurs au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et attaché nucléaire près de l’ambassade de France aux Etats-Unis. Il est aujourd'hui conseiller scientifique auprès d'Aréva. Pour la première fois, ces personnalités très opposées échangent leurs points de vue.

dimanche 4 décembre 2011

Division du travail et répartition des revenus


Le revenu, une nécessité dans une société 
de division du travail 

Alors que la zone Euro aura 800 milliards d’euros à trouver en 2012 pour se refinancer, la perte de 30000 emplois en France semble secondaire au vu des analyses. L’impression générale est que l’emploi se dégrade à cause des plans de rigueur mis en place.

Evidemment, les plans de rigueur diminuent la surface de consommation. Les prévisions des producteurs sont donc pessimistes et ceux-ci réduisent leurs capacités de production pour ne pas produire à perte. Cette réduction implique une diminution du nombre d’heures travaillées. Dès lors des choix s’opèrent parmi les travailleurs qui sont mis en concurrence avec un accroissement de la compétition sur les coûts. En effet, les entreprises cherchent à diminuer leurs coûts en raison de perspectives difficiles, et en plus, pour un même nombre de travailleurs compétents dans un secteur, il y a moins de besoins et il peut donc faire un choix vers ceux qui acceptent une rémunération moindre.

mardi 22 novembre 2011

La rigueur, dernier symptôme de la crise de la démocratie


« Le mot faillite n’est plus un mot abstrait » a déclaré François Fillon le 7 novembre 2011, lors de la présentation du deuxième plan de rigueur. Il en jubilait presque, l’austère qui ne se marre pas. Il aurait pu ajouter : « Je vous l’avais bien dit ! ». En effet, dès 2007, il nous annonçait déjà qu’il était « à la tête d’un Etat en faillite ». Il avait doublement faux : il n’est pas à la tête de l’Etat (c’est Nicolas Sarkozy qui est à la tête de l’Etat, François Fillon n’est que son « collaborateur » selon ses propres termes) et la France n’est pas en faillite, pas plus aujourd’hui qu’hier. Un État ne peut pas faire faillite : on ne peut pas « fermer » un Etat et licencier ses habitants ! Ce sont les créanciers qui ont le plus à craindre dans l’histoire, et pourtant ce sont eux qui mènent la danse.

vendredi 30 septembre 2011

Les questions jamais posées


 Pour venir a bout du Problème Économique qui absorbe maintenant nos énergies morales et matérielles, le monde occidental possède déjà en effet les ressources et les techniques nécessaires ; il lui reste à créer l’organisation capable de les mettre en œuvre de manière adéquate.
Keynes

 Voyons le but de la société. Voyons le bonheur commun, et venons après mille ans changer ces lois grossières.
Gracchus Babœuf

Le principe de raison doit gouverner le monde. La crise nous rappelle à l’impératif commun d’une approche rationnelle de l’économie. Devant la gravité des événements, chacun s’interroge naturellement sur la validité des solutions proposées et cherche à faire preuve de responsabilité. Pourtant les questions les plus élémentaires ne sont jamais posées. Tout se passe comme si les objectifs proposés n’avaient pour finalité que les moyens employés. Comme si l’on devait passer sous silence la formulation de la moindre ambition collective.

vendredi 16 septembre 2011

Améliorer la santé de la population


Rapport de la Cour des Comptes

Un rapport de la Cour des Comptes, c'est important, on en parle dans la presse et au parlement… Un rapport qui parle des comptes sociaux de la nation, plus encore. Sujet sensible. La semaine passée, les commentateurs n'ont pas manqué, comme d'habitude, de désigner les prescripteurs comme responsables de l'évidente dérive…

Dès les premières pages du chapitre de ce rapport sur le médicament (Chapitre IV), cependant, l'aveu est lâché : Non, le nombre de lignes de prescriptions n'augmente pas en France sur les vingt dernières années. C'est clairement le prix par ligne de prescription qui augmente ! Et qui donc fixe les prix des médicaments en France ? 

lundi 5 septembre 2011

Une ambition sociale

Remettre l’homme au cœur de l’économie sonne souvent comme une parole creuse pleine de bonnes intentions. Pourtant la formule n’a jamais été aussi vraie. La transformation sociale passe par une modification concrète de notre modèle économique : du temps et des moyens pour ne pas passer sa vie à la gagner, mais aussi un mode de vie respectueux de l’environnement, en prise avec les besoins réels de la société et non pas conditionné par les intérêts financiers de quelques actionnaires.

Dans une République de citoyens librement associés où la légitimité démocratique règle la production, les parties prenantes de l’entreprise ne sont plus des contre-pouvoirs mais le pouvoir lui-même. Il s’invente ainsi un monde qui conjugue autonomie et solidarité, liberté et responsabilité. Ente le salariat, déresponsabilisant, souvent aliénant, et l’auto-entrepreneuriat, souvent précaire, il existe d’autres formes économiques beaucoup plus crédibles pour l’avenir de l’humanité. La gauche a le devoir de le rappeler car c’est bien en renouant avec ses aspirations profondes qu’elle pourra convaincre et rassembler sur un projet commun. Sa vocation est de déjouer l’impasse écologique et d’émanciper l’homme de la production marchande. Du gestionnaire appliqué et impuissant, il convient de passer à l’architecte audacieux et pragmatique de l’édifice social. Sans une réelle ambition politique, nous serons toujours à la merci des marchés aveugles à l’intérêt général…

Un monde pour demain

Le monde de demain est déjà dans celui-ci. À nous de nous en emparer et de lui donner raison. La France, par son histoire et par sa richesse, a les capacités de monter l’exemple et d’entraîner dans son sillage les mouvements progressistes qui animent les luttes sociales dans tous les pays. Elle l’a prouvé à plusieurs reprises. Les solutions réalistes n’impliquent pas le renoncement mais de l’audace. La crise écologique nous apprend qu’il n’est plus possible de reculer. Nous avons déjà trop attendu. La crise financière a déjà pris date pour son prochain effondrement boursier. Un autre modèle de développement doit voir le jour rapidement.

Ce que nous pouvons faire ici 
peut défaire ce qui opprime là-bas.”

La coopération nationale est la première étape vers la coopération internationale. Ce que nous pouvons faire ici peut défaire ce qui opprime là-bas. La généralisation des principes énoncés plus haut trouve son débouché dans l’Europe sociale qui doit se construire sur l’échec patent de l’Europe libérale. Mais aussi dans un soutien ardent aux pays du Sud qui ont besoin de notre apport logistique et financier, de nos
savoir-faire, de nos technologies comme de notre solidarité dans la crise écologique qui s’annonce, en dehors de toute recolonisation masquée par l’apparence de générosité du co-développement. Nous ne sortirons pas seuls de l’épreuve, mais nous pouvons ouvrir la voie.

Financer la semaine de 4 jours sans augmenter les coûts salariaux



Nous proposons que les entreprises qui passent à 4 jours et créent 10% d’emplois à plein temps en CDI cessent de payer les cotisations chômage. L’exonération totale (part patronale et part salariale) est conditionnée à la création d’emplois. C’est grâce à cette exonération que l’équilibre des comptes est possible pour l’entreprise.
Le taux de cotisations chômages est de 6,4% actuellement. Mais avec la montée du chômage à laquelle nous devons faire face, il va falloir remonter les cotisations chômage au moins au niveau de 2007 soit 8,3% sinon plus. Partons de l’hypothèse basse en gardant 8,3% comme valeur de référence qui deviendrait le taux de référence pour toutes les entreprises qui ne choisissent pas la réduction du temps de travail. Un abattement de charge de 9,1% permet de ne pas augmenter la masse salariale d’une entreprise qui embauche 10% d’emplois nouveaux.

Pour une économie sociale et solidaire

Une solide lucidité politique ainsi que le rapport de force engagé avec les puissances de l’argent nous imposent une position de recul quant à la généralisation immédiate du socialisme économique. Cela ne doit pas nous empêcher pour autant de fonder nos espoirs sur des étapes intermédiaires. Nous pouvons imposer la présence d’administrateurs salariés au sein des conseils d’administration des entreprises comme en Allemagne où le personnel est représenté aux conseils de surveillance, en tant que personnel. La cogestion permet aux salariés de mieux connaître la stratégie de l’entreprise pour pouvoir soit l’infléchir, soit montrer qu’avec une même stratégie industrielle plusieurs stratégies « ressources humaines » sont possibles.


D’autres choix politiques encore sont possibles. Il existe déjà des milliers d’entreprises en France où les hommes associent leur travail et non leurs capitaux. En 2008, les coopératives, mutuelles et associations, employaient plus de 2 millions de salariés, soit plus de 12% de l’emploi du secteur privé. Entre 2000 et 2008, le nombre d’emplois créés a progressé de 17%, à un rythme bien supérieur à celui du secteur privé.

Les décisions stratégiques se prennent en assemblée générale selon le principe « une personne = une voix ».”

Le cas des 21 000 entreprises coopératives employant 900 000 salariés est exemplaire car il préfigure ce que sera l’économie sociale et solidaire de demain. Les Scops (Société Coopérative de Production) sont des sociétés commerciales qui vivent et se développent dans le secteur concurrentiel avec les mêmes contraintes de gestion et de rentabilité que toute entreprise. Son originalité : les salariés sont associés majoritaires de l’entreprise dont ils détiennent au moins 51% du capital. Tous les salariés ont vocation à devenir associés dans des modalités définies par les associés existants et avec leur accord. Les décisions stratégiques se prennent en assemblée générale selon le principe « une personne = une voix ». Chaque membre a le même poids, quel que soit son apport en capital.

Les pouvoirs publics ont un rôle clé à jouer pour accélérer ou freiner le mouvement. Une des priorités de la Banque Publique d’Investissement sera de financer, soutenir, encourager l’économie sociale et solidaire avec une vraie politique de soutien accordé à leurs réseaux pour qu’ils créent une situation de confiance permettant aux entrepreneurs de se lancer et de faire perdurer leurs entreprises. Ne cherchons pas plus loin l’alternative entre monopole d’Etat et libéralisme.

Un dépassement du capitalisme

Le capitalisme industriel a rassemblé dans des entreprises 90% de la population active et elle n’aurait pas droit au chapitre. Par une division du travail de plus en plus spécialisée, il a rendu indispensable la collaboration à la production de toutes les parties de la société. Nous pouvons dire que le travail a été socialisé. La seule chose qui n’ait pas été socialisée, c’est son exploitation commerciale qui maintient le salarié à l’écart des décisions stratégiques de l’entreprise. Cette répartition des pouvoirs ne tient pas du tout compte de la responsabilité de chacun dans la richesse. Or, si au début, la richesse produite est rendue possible par la mobilisation des capitaux, la part du travail dans la création de richesse devient vite prédominante. Ceci doit se refléter dans la structure des pouvoirs dans l’entreprise.

C’est l’étape que doit franchir la civilisation afin de se protéger de la marchandisation du monde...

Ce qui caractérise le capitaliste moderne, c’est l’appropriation financière du capital par l’actionnaire. L’apporteur de capitaux dispose de l’activité commerciale de l’entreprise, de ses bénéfices, de la plus-value éventuelle en cas de cession du capital et décide de son activité comme du niveau de rémunération du personnel. Le pouvoir politique dans l’entreprise est donc indexé sur la capacité financière, celle qui permet de rentrer au conseil d’administration et de se réserver les bénéfices de l’entreprise. À la règle démocratique « un homme = une voix » se substitue celle « d’une action = une voix ». Il faut donc inverser le processus pour reconquérir une capacité de délibération collective sur la forme de vie qui nous rassemble. Car un système, qui n’accorde le pouvoir qu’à la capacité financière de celui qui l’exerce, ne peut être qu’aveugle au projet de justice sociale de l’économie réelle. Il ne peut développer qu’une vision à court terme où l’œil est rivé aux critères de rentabilité. On ne peut demander à un banquier de renoncer à ses profits pas plus qu’on ne peut espérer voir le tigre devenir végétarien.

Pour préserver l’humanité de la cupidité du régime d’accumulation, il faut remettre « le culte du profit » entre les mains de l’intelligence collective, au même titre que le pouvoir du monarque doit être transféré entre les mains des électeurs pour contraindre sa capacité de nuisance. C’est l’étape que doit franchir la civilisation afin de se protéger de la marchandisation du monde et du cortège de drames écologiques et humains qui l’accompagne. L’extraction de la valeur et l’utilisation qui en est faite doivent être soumises au contrôle des populations, c’est-à-dire au contrôle de ceux qui la produise, de ceux qui en ont besoin, les salariés eux-mêmes. L’équation salariés, actionnaires, consommateurs trouve sa résolution dans une démocratie économique sociale et solidaire au service de tous.

Récupération des intérêts de la création monétaire



Un autre aspect de la création monétaire est choquant. Quant une banque prête 100 euros, elle n’est tenue de posséder en moyenne que 8 euros en fonds propres. Le reste, elle le crée ex nihilo. C’est-à-dire que les banques privées ont le pouvoir de créer de la monnaie scripturale (deposit money) pour financer des emprunts par un simple jeu d’écriture. Seulement, quand celles-ci font payer des intérêts, elles ne les font pas courir sur les 8% qu’elle possède réellement mais sur l’ensemble de la somme mise à disposition. Se pose alors la question de la légitimité d’une transaction qui permet de faire du profit sur de l’argent que l’on ne possède pas et qui ne coûte rien ou si peu. Le prix du crédit devrait plutôt être calculé sur la base du taux directeur de la banque centrale (très faible) pour la part qui relève de la création monétaire, plus un petit quelque chose pour couvrir les coûts de structure et fournir une marge modérée permettant de financer des investissements de développement matériel et technique.

La confiscation des intérêts résultant de l’usage d’un droit collectif au profit du système financier et d’intérêts privés n’est pas tolérable.”

« Seul l’Etat a le droit de battre monnaie » : voici la seule chose que l’on apprend couramment à l’école à propos de la monnaie. Cette formule consacrée marque le fait que la monnaie est un bien collectif, un bien public et que sa création relève donc de la responsabilité collective. Si la création monétaire se trouve être génératrice de recettes, il appartient donc à la collectivité de les récupérer. La confiscation des intérêts résultant de l’usage d’un droit collectif au profit du système financier et d’intérêts privés n’est pas tolérable. Nous demandons la fiscalisation totale des intérêts de la création monétaire dans le cas où ils sont maintenus. Les recettes supplémentaires obtenues par ce biais (plusieurs de dizaines de milliards d’euros) financeront la réduction de la dette publique et les investissements d’avenir. On peut envisager aussi une distribution de cette manne financière sous la forme d’un revenu universel versé à l’ensemble des citoyens dont l’effet direct sera une optimisation des échanges économiques réels.

Le prix de notre avenir écologique

Le chiffrage précis du plan d’investissement proposé nécessitera un travail approfondi et de nombreuses expertises dans les différents domaines traités. Cependant, en s’appuyant sur des études réalisées notamment au Royaume-Uni et par le PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement), il semble cohérent d’y consacrer entre 3 et 4 % du PIB par an, soit entre 60 et 80 milliards d’euros. Cet effort doit être poursuivi sur le long terme, c’est-à-dire sur une période d’au moins 10 ans. Cet horizon est raisonnable, en raison de l’importance et de la complexité des sujets abordés.

Compte tenu de l’impact majeur sur notre modèle économique et des montants importants à y consacrer, ce processus doit être piloté de façon transparente et démocratique. Les objectifs du plan et les critères de choix des investissements devront faire l’objet de procédures de consultation et de concertation élargies. Ils seront soumis aux Assemblées. Une agence publique d’investissement aurait, ensuite, en charge de mettre en œuvre le programme d’investissement et d’accompagner le développement du tissu de PME, PMI qui sera généré par ces nouveaux secteurs d’activité. Des points d’étape réguliers de l’avancement du plan d’investissement seraient publiés régulièrement sur un site Internet dédié et présentés devant l’assemblée et/ou une commission du développement durable.

En plus des créations d’emploi qu’ils génèrent, les investissements écologiques ont nécessairement une dimension économique et sociale : placer notre pays en situation de s’adapter aux conditions du XXIè siècle.

Les entreprises pollueuses devront payer. L’impôt reste encore le meilleur moyen de s’assurer de leur contribution. La lutte contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale devient un objectif de premier plan. 5 000 milliards sont drainés chaque année par les paradis fiscaux et réduisent ainsi fortement les marges de manœuvre des Etats. Nous savons aussi que ce sont les entreprises du CAC40, par le jeu de leurs filiales, qui paient moins d’impôts sur les bénéfices (le taux "implicite" d'imposition qui est de 30 % pour les entreprises de moins de neuf salariés et passe à 13 % pour les entreprises de plus de 2 000 salariés et 8 % pour les entreprises du CAC40). De vrais moyens devront être attribués au Trésor Public et nous verrons affluer des recettes confortables pour envisager les investissements d’avenir.

L’enjeu est malgré tout trop considérable pour risquer de ne pas disposer des moyens nécessaires pour financer la transition écologique à l’échelle du territoire, le recours à l’emprunt sera déterminant pour gagner la bataille sociale et écologique.

Un enjeu de société

Le réalisme économique nous impose la diminution du temps de travail : la semaine de 4 jours dans un premier temps. Puis il faudra poursuivre pour accompagner les gains de productivité. Passer de 5 jours par semaine de travail à 4 jours représente la première étape d’une avancée sociale indispensable pour répondre à l’intensification du travail. La productivité horaire française qui est l’une des plus soutenue au monde est révélatrice des cadences particulièrement soutenues. Les nouvelles technologies accentuent la pression et le surmenage intellectuel. Quant à l’accélération des rythmes de vie, il entraîne un état de somnolence qui touche un Français sur cinq. Près d’un tiers des Français dorment 6 heures ou moins par nuit, quand le repos de 7 à 8 heures est préconisé. Nos performances économiques et nos modes de vie s’accompagnent ainsi d’un stress dont les risques pour la santé psychique sont de plus en plus importants.

Contrairement à certaines idées reçues, la pénibilité physique s’est aussi accrue même si elle a changé de nature par rapport au début du siècle. En 2008, 52 000 personnes souffraient d’une de ces affections qui touchent le dos, les épaules, les poignets où encore les genoux. Les risques psychosociaux représentent aujourd’hui un coût direct et indirect de l’ordre de 55 à 60 milliards d’euros.


Sans disponibilité et sans sécurité matérielle, nous ne pouvons nous impliquer dans le vivre ensemble...”

Pour conjuguer efficacité et bien-être social, il devient impératif de diminuer le volume horaire des salariés. Nous sommes arrivés au moment charnière de notre histoire où la performance des moyens de production doit libérer le temps nécessaire à la récupération mais aussi permettre l’accomplissement d’une meilleure cohésion sociale. Trois jours libres par semaine ou bien un week-end de 4 jours toutes les deux semaines, ou encore une semaine de libre sur 5… (les modalités sont multiples) permettent d’organiser autrement ses loisirs et ouvrent ainsi le champ des possibles : du temps pour se consacrer à sa vie de famille, à l’éducation de ses enfants mais aussi du temps pour son épanouissement personnel, pour la culture, la citoyenneté, l’engagement politique ou associatif. Développer la formation continue tout au long de sa vie permettrait de rompre avec le découpage arbitraire « école, travail, retraite » qui rythme nos vies.

Le fondement de toute société démocratique est bien de mettre chaque citoyen en situation de participer pleinement aux décisions collectives. Sans disponibilité et sans sécurité matérielle, nous ne pouvons nous impliquer dans le vivre ensemble, nous ne faisons que préserver nos intérêts immédiats. Les taux d’abstention de plus en plus élevés aux élections confirment cette tendance de fond. La diminution du temps de travail est au cœur du projet de civilisation. Du temps pour vivre, c’est du temps pour créer et du temps pour s’impliquer.

Augmenter les salaires

L’augmentation des salaires repose sur des mécanismes simples à mettre en place. D’abord empêcher que la création de richesses des entreprises ne soit captée par des actionnaires qui demandent un taux de rentabilité inconsidéré. Actuellement, le capitalisme actionnarial prélève plus d’argent sur les entreprises qu’il n’en apporte. Nous sommes dans un capitalisme d’usure. Il faut donc : 

Si le patron s’augmente, il doit nécessairement augmenter le salaire de base.

Plafonner la rentabilité actionnariale
Au-dessus d’un certain seuil, tout est imposé à 100%, ce qui obligera à réinvestir dans le capital de l’entreprise.

Limiter l’éventail des salaires pour éviter que la répartition des profits ne se concentre en haut de la pyramide, c’est-à-dire entre les mains de l’équipe dirigeante. L’écart entre le plus bas et le plus haut salaire ne doit pas dépasser 1 à 20 (et pas seulement dans les 52 entreprises disposants de capitaux publics, ce qui revient à ne rien faire). Si le patron s’augmente, il doit nécessairement augmenter le salaire de base. Rockefeller préconisait lui-même un écart maximum de 1 à 40. Nous sommes aujourd’hui dans un rapport de 1 à plus de 400 (hors sociétés financières). Dans l’économie sociale et solidaire, l’écart imposé est de 1 à 10. Avec 1 à 20, nous suivons les recommandations de la Confédération Européenne des Syndicats.

Indexer les salaires sur l’inflation (comme en Belgique ou au Luxembourg), pour qu’il ne s’installe pas un décalage croissant entre le niveau de vie d’une partie de la population et l’augmentation des prix.

Une révolution technologique


Si l’emploi ne règle pas tout, une chose est sûre, le chômage dérègle tout. Si il y a une crise c’est bien celle de l’emploi. C’est pour cela que le plein-emploi doit être notre priorité. La régression salariale a pour principal responsable la montée du chômage. Les entreprises n’ont pu faire reculer les salaires et faire plier les structures syndicales que par le chantage à l’emploi autorisé par l’armée de réserve du chômage de masse. « Si tu n’es pas content, va voir ailleurs » reste le message auquel est confronté tout salarié qui attend son augmentation.

Contrairement aux idées reçues, le chômage n’est ni une fatalité, ni le résultat des délocalisations ou d’un manque de croissance. Sur les 30 dernières années, les délocalisations ne représentent que 13% des emplois détruits. C’est toujours trop pour les secteurs concernés, mais inversement nous savons aussi que la France est une des premières destinations pour l’investissement des capitaux étrangers. Cela crée aussi des emplois, environ 35 000 par ans. Non, les délocalisations n’expliquent pas le chômage de masse. 

Les répercussions de l’innovation technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans les années à venir.

La vraie raison est ailleurs : la grande majorité des destructions d’emploi est due aux gains de productivité. Nous produisons de plus en plus avec de moins en moins de travail humain, voilà la principale raison. Comme le pensait Keynes dans la première partie du XXe siècle : « Nous souffrons d’une nouvelle maladie dont certains lecteurs ignorent peut-être encore le nom, mais dont ils entendront abondamment parler dans les années à venir, le ”chômage technologique”. Il s’agit du chômage dû à notre découverte de moyens d’économiser le recours au travail à un rythme qui surpasse celui auquel nous sommes capables de trouver de nouveaux usages pour celui-ci ». Il imaginait une semaine de 15 heures au début du XXIe siècle, parce qu’il pensait que nous n’aurions plus besoin de travailler autant pour satisfaire nos besoins matériels. Nous en sommes très loin avec notre moyenne de 41 heures par semaine en France. Pourtant le caractère visionnaire de la déclaration prend toute sa mesure depuis la révolution informatique qui nous a permis de multiplier par 5 notre productivité depuis 1960. Et ce n’est pas fini, le nombre de transistors que l’on sait placer sur une carte électronique double tous les deux ans, à coût constant. Ce phénomène ne concerne pas exclusivement l’électronique : tous les domaines scientifiques semblent posséder le même rythme d’accélération, de manière parallèle, chacun nourrissant l’un l’autre. Selon une étude syndicale allemande, seul 5% des nouvelles technologies disponibles seraient actuellement exploités. Les répercussions de l’innovation technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans les années à venir.

Si nous ne partageons pas rapidement le travail nous ne ferons qu’aggraver les tensions sociales entre deux catégories de la population : ceux qui n’ont pas de travail, les exclus de la société, et ceux qui ont un emploi mais subissent la pression du chômage avec une déflation salariale qui s’accompagne d’une souffrance au travail liée à l’intensification des cadences et aux nouvelles méthodes de management. Une situation absurde qui ne profite qu’à une minorité d’actionnaires s’appuyant sur la mise en concurrence des salariés et la peur du licenciement. Mais pour combien de temps ? Qui consommera quand la majorité des salaires se sera effondrée ? Sur quel marché intérieur nos entreprises pourront-elles s’appuyées ?

Une profonde crise sociale

Un dispositif d’urgence ne doit pas nous faire perdre de vue que la crise sociale existe depuis bien avant la crise des subprimes. Cette dernière a éclaté parce que les marchés financiers ont spéculé sur la dette des ménages qui a explosé en 30 ans. La raison en est simple : 10 points du PIB (200 milliards par an environ) sont passés de la poche des salariés à celle des actionnaires entre 1982 et 2007. C’est en partie la conséquence du passage de 4% à 12% de dividendes net versés aux entreprises entre 1982 et 2007. Dès lors, le capitalisme actionnarial prélève sur l’économie réelle (en dividendes et rachat d’actions) plus qu’il n’apporte de financement. Les salaires sont aujourd’hui 25% moins élevés que ce qu’ils devraient être si l’équilibre dans la répartition des années 80 avait été maintenu. Sauf pour une minorité, qui a vu ses revenus considérablement augmenter. Les 0,01% des plus hauts salaires ont augmenté de 69% tandis les salaires des 90% les moins bien payés ont crû de 0,9%, soit 11 euros. Les inégalités se creusent dangereusement tant la richesse produite se concentre entre les mains des plus riches. La France serait même le troisième pays au monde par le nombre de ses millionnaires alors qu’elle n’est « que » la sixième ou septième puissance mondiale.

Sans cette incurie budgétaire le financement de nos système sociaux ne poserait aucun problème.”

Quant à l’endettement des foyers, il explose. De plus en plus de ménages sont contraints de vivre à crédit (prêts à la consommation, prêts immobiliers, crédit revolving…) pour faire face aux dépenses courantes. Malheureusement, on ne compense pas indéfiniment la perte de salaire, l’augmentation des loyers et l’inflation des prix par l’endettement. Le maillon faible a lâché aux Etats-Unis. Cela aurait très bien pu se produire, un peu plus tard, en France. Sarkozy ne voulait-il pas, durant sa campagne, importer dans notre pays le principe des subprimes, ce crédit immobilier pour les pauvres qui a causé la catastrophe de 2008 ?

A cela s’ajoute une baisse des recettes sans précédent. Nous avons abandonné 100 milliards d’euros (rapport parlementaire) en réduction d’impôts pour les plus riches. Sans cette incurie budgétaire le financement de nos système sociaux ne poserait aucun problème.

Ce n’est donc pas à une crise financière à laquelle nous sommes confrontés en dernier lieu mais bien à une profonde crise sociale, une crise de répartition des richesses. Pour agir en conséquence, il ne faut pas se tromper de diagnostic sur les causes qui l’ont engendrée.

La gauche face à ses responsabilités


Les appels à la moralisation du capitalisme n’ont rien changé depuis 2008 et n’y changeront rien. Les marchés sont irresponsables et la spéculation n’a qu’une issue : le désastre programmé du système financier.


Derrière les malversations de la crise financière, il y a une crise avant tout sociale qui prend sa source dans le disfonctionnement de l’économie réelle.”

Pour autant, aucun de nos dirigeants ne prend ses responsabilités pour éviter le drame qui plongera toute l’économie dans le chaos. Ce ne sont pas les quelques mesures « prudentielles » pour encadrer les transactions financières qui pourront empêcher le pillage de l’économie réelle. Les entreprises sont, aujourd’hui, à la merci des actionnaires qui demandent des taux de retour sur investissements insoutenables. Derrière les malversations de la crise financière, il y a une crise avant tout sociale qui prend sa source dans le disfonctionnement de l’économie réelle. Une crise des salaires et du travail mais aussi une crise écologique qui demandent des réponses en rupture avec le modèle de développement actuel. Nous sommes au moment charnière où la gauche doit prendre ses responsabilités sous peine de voir s’imposer, hélas, toujours plus avant, des politiques sécuritaires où les luttes sociales sont criminalisées, les immigrées sont des boucs émissaires et nos systèmes de solidarité sont menacés par la mise en concurrence effrénée de tous les salariés entre eux au sein de l’économie marchande. La finance doit être cadenassée et l’économie réelle orientée vers la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux. Un autre modèle de développement doit être mis en place.

Mesures d’urgence

Rétablir d’urgence un cordon sanitaire entre les banques de dépôts et les banques d’affaires pour éviter la contagion du krach bousier à l’épargne nationale, comme l’on fait les islandais et comme ce fut le cas après-guerre.

Reprise des commandes par l’Etat en imposant une progressivité de l’impôt qui augmente les prélèvements sur les plus riches et sur les grandes entreprises. L’effort national réparti équitablement améliorera les recettes fiscales afin de retrouver un équilibre de trésorerie permettant une efficacité accrue des services publics et des couvertures sociales en temps de crise.

Faire racheter les titres de dette souveraine par la BCE afin de soumettre les marchés et ne plus payer les intérêts exorbitants qui creusent notre déficit. Le gouvernement peut aussi requérir d’un pôle bancaire public qu’il opère des avances de trésorerie libellées en euro pour couvrir une partie de la dette publique qui serait ainsi rachetée par échange de bons du Trésor.

Mettre en place rapidement un Pôle bancaire public qui viendra irriguer l’ensemble du tissu économique français. Ce dernier pourra se refinancer aux taux très bas de la BCE — comme les principaux acteurs du marché — mais prêtera à des taux d’intérêts raisonnables aux entreprises qui ont besoin de se développer et d’innover. Il sera soumis au contrôle de la population pour orienter l’attribution des emprunts vers les investissements utiles et protègera l’économie d’une contraction brutale du crédit au moment fatal du prochain krach boursier.