lundi 5 septembre 2011

Une profonde crise sociale

Un dispositif d’urgence ne doit pas nous faire perdre de vue que la crise sociale existe depuis bien avant la crise des subprimes. Cette dernière a éclaté parce que les marchés financiers ont spéculé sur la dette des ménages qui a explosé en 30 ans. La raison en est simple : 10 points du PIB (200 milliards par an environ) sont passés de la poche des salariés à celle des actionnaires entre 1982 et 2007. C’est en partie la conséquence du passage de 4% à 12% de dividendes net versés aux entreprises entre 1982 et 2007. Dès lors, le capitalisme actionnarial prélève sur l’économie réelle (en dividendes et rachat d’actions) plus qu’il n’apporte de financement. Les salaires sont aujourd’hui 25% moins élevés que ce qu’ils devraient être si l’équilibre dans la répartition des années 80 avait été maintenu. Sauf pour une minorité, qui a vu ses revenus considérablement augmenter. Les 0,01% des plus hauts salaires ont augmenté de 69% tandis les salaires des 90% les moins bien payés ont crû de 0,9%, soit 11 euros. Les inégalités se creusent dangereusement tant la richesse produite se concentre entre les mains des plus riches. La France serait même le troisième pays au monde par le nombre de ses millionnaires alors qu’elle n’est « que » la sixième ou septième puissance mondiale.

Sans cette incurie budgétaire le financement de nos système sociaux ne poserait aucun problème.”

Quant à l’endettement des foyers, il explose. De plus en plus de ménages sont contraints de vivre à crédit (prêts à la consommation, prêts immobiliers, crédit revolving…) pour faire face aux dépenses courantes. Malheureusement, on ne compense pas indéfiniment la perte de salaire, l’augmentation des loyers et l’inflation des prix par l’endettement. Le maillon faible a lâché aux Etats-Unis. Cela aurait très bien pu se produire, un peu plus tard, en France. Sarkozy ne voulait-il pas, durant sa campagne, importer dans notre pays le principe des subprimes, ce crédit immobilier pour les pauvres qui a causé la catastrophe de 2008 ?

A cela s’ajoute une baisse des recettes sans précédent. Nous avons abandonné 100 milliards d’euros (rapport parlementaire) en réduction d’impôts pour les plus riches. Sans cette incurie budgétaire le financement de nos système sociaux ne poserait aucun problème.

Ce n’est donc pas à une crise financière à laquelle nous sommes confrontés en dernier lieu mais bien à une profonde crise sociale, une crise de répartition des richesses. Pour agir en conséquence, il ne faut pas se tromper de diagnostic sur les causes qui l’ont engendrée.

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