lundi 5 septembre 2011

Un dépassement du capitalisme

Le capitalisme industriel a rassemblé dans des entreprises 90% de la population active et elle n’aurait pas droit au chapitre. Par une division du travail de plus en plus spécialisée, il a rendu indispensable la collaboration à la production de toutes les parties de la société. Nous pouvons dire que le travail a été socialisé. La seule chose qui n’ait pas été socialisée, c’est son exploitation commerciale qui maintient le salarié à l’écart des décisions stratégiques de l’entreprise. Cette répartition des pouvoirs ne tient pas du tout compte de la responsabilité de chacun dans la richesse. Or, si au début, la richesse produite est rendue possible par la mobilisation des capitaux, la part du travail dans la création de richesse devient vite prédominante. Ceci doit se refléter dans la structure des pouvoirs dans l’entreprise.

C’est l’étape que doit franchir la civilisation afin de se protéger de la marchandisation du monde...

Ce qui caractérise le capitaliste moderne, c’est l’appropriation financière du capital par l’actionnaire. L’apporteur de capitaux dispose de l’activité commerciale de l’entreprise, de ses bénéfices, de la plus-value éventuelle en cas de cession du capital et décide de son activité comme du niveau de rémunération du personnel. Le pouvoir politique dans l’entreprise est donc indexé sur la capacité financière, celle qui permet de rentrer au conseil d’administration et de se réserver les bénéfices de l’entreprise. À la règle démocratique « un homme = une voix » se substitue celle « d’une action = une voix ». Il faut donc inverser le processus pour reconquérir une capacité de délibération collective sur la forme de vie qui nous rassemble. Car un système, qui n’accorde le pouvoir qu’à la capacité financière de celui qui l’exerce, ne peut être qu’aveugle au projet de justice sociale de l’économie réelle. Il ne peut développer qu’une vision à court terme où l’œil est rivé aux critères de rentabilité. On ne peut demander à un banquier de renoncer à ses profits pas plus qu’on ne peut espérer voir le tigre devenir végétarien.

Pour préserver l’humanité de la cupidité du régime d’accumulation, il faut remettre « le culte du profit » entre les mains de l’intelligence collective, au même titre que le pouvoir du monarque doit être transféré entre les mains des électeurs pour contraindre sa capacité de nuisance. C’est l’étape que doit franchir la civilisation afin de se protéger de la marchandisation du monde et du cortège de drames écologiques et humains qui l’accompagne. L’extraction de la valeur et l’utilisation qui en est faite doivent être soumises au contrôle des populations, c’est-à-dire au contrôle de ceux qui la produise, de ceux qui en ont besoin, les salariés eux-mêmes. L’équation salariés, actionnaires, consommateurs trouve sa résolution dans une démocratie économique sociale et solidaire au service de tous.

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