Si
l’emploi ne règle pas tout, une chose est sûre, le chômage dérègle tout. Si il y a une crise c’est bien celle de l’emploi. C’est
pour cela que le plein-emploi doit être notre priorité. La régression salariale
a pour principal responsable la montée du chômage. Les entreprises n’ont pu
faire reculer les salaires et faire plier les
structures syndicales que par le chantage à l’emploi autorisé par l’armée de
réserve du chômage de masse. « Si tu n’es
pas content, va voir ailleurs » reste le message auquel est confronté tout
salarié qui attend son augmentation.
Contrairement
aux idées reçues, le chômage n’est ni une fatalité, ni le résultat des
délocalisations ou d’un manque de croissance. Sur les 30 dernières années, les
délocalisations ne représentent que 13% des emplois détruits. C’est toujours
trop pour les secteurs concernés, mais inversement
nous savons aussi que la France est une des premières destinations pour
l’investissement des capitaux étrangers. Cela crée aussi des emplois, environ 35 000 par ans. Non, les
délocalisations n’expliquent pas le chômage de masse.
Les répercussions de l’innovation technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans les années à venir.”
La vraie raison est
ailleurs : la grande majorité des destructions d’emploi est due aux gains
de productivité. Nous produisons de plus en plus avec de moins en moins de
travail humain, voilà la principale raison.
Comme le pensait Keynes dans la première partie du XXe siècle : « Nous souffrons d’une nouvelle maladie dont
certains lecteurs ignorent peut-être encore le nom, mais dont ils entendront
abondamment parler dans les années à venir, le ”chômage technologique”. Il
s’agit du chômage dû à notre découverte de moyens d’économiser le recours au
travail à un rythme qui surpasse celui auquel nous sommes capables de trouver
de nouveaux usages pour celui-ci ». Il imaginait une semaine de 15 heures au début du XXIe
siècle, parce qu’il pensait que nous n’aurions plus besoin de travailler autant
pour satisfaire nos besoins matériels. Nous en sommes très loin avec notre
moyenne de 41 heures par semaine en France. Pourtant le caractère
visionnaire de la déclaration prend toute sa mesure
depuis la révolution informatique qui nous a permis de multiplier par 5 notre
productivité depuis 1960. Et ce n’est pas fini, le nombre de transistors que
l’on sait placer sur une carte électronique double tous les deux ans, à coût
constant. Ce phénomène ne concerne pas exclusivement l’électronique : tous les
domaines scientifiques semblent posséder le même rythme d’accélération, de
manière parallèle, chacun nourrissant l’un l’autre. Selon une étude syndicale
allemande, seul 5% des nouvelles technologies disponibles seraient actuellement
exploités. Les répercussions de l’innovation
technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans
les années à venir.
Si
nous ne partageons pas rapidement le travail nous ne ferons qu’aggraver les
tensions sociales entre deux catégories de la population : ceux qui n’ont pas
de travail, les exclus de la société, et ceux qui ont un emploi mais subissent
la pression du chômage avec une déflation salariale qui s’accompagne d’une souffrance au travail liée à l’intensification
des cadences et aux nouvelles méthodes de management. Une situation absurde qui
ne profite qu’à une minorité d’actionnaires s’appuyant sur la mise en
concurrence des salariés et la peur du licenciement.
Mais pour combien de temps ? Qui consommera quand la majorité des salaires se
sera effondrée ? Sur quel marché intérieur nos
entreprises pourront-elles s’appuyées ?
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