lundi 5 septembre 2011

Une révolution technologique


Si l’emploi ne règle pas tout, une chose est sûre, le chômage dérègle tout. Si il y a une crise c’est bien celle de l’emploi. C’est pour cela que le plein-emploi doit être notre priorité. La régression salariale a pour principal responsable la montée du chômage. Les entreprises n’ont pu faire reculer les salaires et faire plier les structures syndicales que par le chantage à l’emploi autorisé par l’armée de réserve du chômage de masse. « Si tu n’es pas content, va voir ailleurs » reste le message auquel est confronté tout salarié qui attend son augmentation.

Contrairement aux idées reçues, le chômage n’est ni une fatalité, ni le résultat des délocalisations ou d’un manque de croissance. Sur les 30 dernières années, les délocalisations ne représentent que 13% des emplois détruits. C’est toujours trop pour les secteurs concernés, mais inversement nous savons aussi que la France est une des premières destinations pour l’investissement des capitaux étrangers. Cela crée aussi des emplois, environ 35 000 par ans. Non, les délocalisations n’expliquent pas le chômage de masse. 

Les répercussions de l’innovation technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans les années à venir.

La vraie raison est ailleurs : la grande majorité des destructions d’emploi est due aux gains de productivité. Nous produisons de plus en plus avec de moins en moins de travail humain, voilà la principale raison. Comme le pensait Keynes dans la première partie du XXe siècle : « Nous souffrons d’une nouvelle maladie dont certains lecteurs ignorent peut-être encore le nom, mais dont ils entendront abondamment parler dans les années à venir, le ”chômage technologique”. Il s’agit du chômage dû à notre découverte de moyens d’économiser le recours au travail à un rythme qui surpasse celui auquel nous sommes capables de trouver de nouveaux usages pour celui-ci ». Il imaginait une semaine de 15 heures au début du XXIe siècle, parce qu’il pensait que nous n’aurions plus besoin de travailler autant pour satisfaire nos besoins matériels. Nous en sommes très loin avec notre moyenne de 41 heures par semaine en France. Pourtant le caractère visionnaire de la déclaration prend toute sa mesure depuis la révolution informatique qui nous a permis de multiplier par 5 notre productivité depuis 1960. Et ce n’est pas fini, le nombre de transistors que l’on sait placer sur une carte électronique double tous les deux ans, à coût constant. Ce phénomène ne concerne pas exclusivement l’électronique : tous les domaines scientifiques semblent posséder le même rythme d’accélération, de manière parallèle, chacun nourrissant l’un l’autre. Selon une étude syndicale allemande, seul 5% des nouvelles technologies disponibles seraient actuellement exploités. Les répercussions de l’innovation technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans les années à venir.

Si nous ne partageons pas rapidement le travail nous ne ferons qu’aggraver les tensions sociales entre deux catégories de la population : ceux qui n’ont pas de travail, les exclus de la société, et ceux qui ont un emploi mais subissent la pression du chômage avec une déflation salariale qui s’accompagne d’une souffrance au travail liée à l’intensification des cadences et aux nouvelles méthodes de management. Une situation absurde qui ne profite qu’à une minorité d’actionnaires s’appuyant sur la mise en concurrence des salariés et la peur du licenciement. Mais pour combien de temps ? Qui consommera quand la majorité des salaires se sera effondrée ? Sur quel marché intérieur nos entreprises pourront-elles s’appuyées ?

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