lundi 5 septembre 2011

Un enjeu de société

Le réalisme économique nous impose la diminution du temps de travail : la semaine de 4 jours dans un premier temps. Puis il faudra poursuivre pour accompagner les gains de productivité. Passer de 5 jours par semaine de travail à 4 jours représente la première étape d’une avancée sociale indispensable pour répondre à l’intensification du travail. La productivité horaire française qui est l’une des plus soutenue au monde est révélatrice des cadences particulièrement soutenues. Les nouvelles technologies accentuent la pression et le surmenage intellectuel. Quant à l’accélération des rythmes de vie, il entraîne un état de somnolence qui touche un Français sur cinq. Près d’un tiers des Français dorment 6 heures ou moins par nuit, quand le repos de 7 à 8 heures est préconisé. Nos performances économiques et nos modes de vie s’accompagnent ainsi d’un stress dont les risques pour la santé psychique sont de plus en plus importants.

Contrairement à certaines idées reçues, la pénibilité physique s’est aussi accrue même si elle a changé de nature par rapport au début du siècle. En 2008, 52 000 personnes souffraient d’une de ces affections qui touchent le dos, les épaules, les poignets où encore les genoux. Les risques psychosociaux représentent aujourd’hui un coût direct et indirect de l’ordre de 55 à 60 milliards d’euros.


Sans disponibilité et sans sécurité matérielle, nous ne pouvons nous impliquer dans le vivre ensemble...”

Pour conjuguer efficacité et bien-être social, il devient impératif de diminuer le volume horaire des salariés. Nous sommes arrivés au moment charnière de notre histoire où la performance des moyens de production doit libérer le temps nécessaire à la récupération mais aussi permettre l’accomplissement d’une meilleure cohésion sociale. Trois jours libres par semaine ou bien un week-end de 4 jours toutes les deux semaines, ou encore une semaine de libre sur 5… (les modalités sont multiples) permettent d’organiser autrement ses loisirs et ouvrent ainsi le champ des possibles : du temps pour se consacrer à sa vie de famille, à l’éducation de ses enfants mais aussi du temps pour son épanouissement personnel, pour la culture, la citoyenneté, l’engagement politique ou associatif. Développer la formation continue tout au long de sa vie permettrait de rompre avec le découpage arbitraire « école, travail, retraite » qui rythme nos vies.

Le fondement de toute société démocratique est bien de mettre chaque citoyen en situation de participer pleinement aux décisions collectives. Sans disponibilité et sans sécurité matérielle, nous ne pouvons nous impliquer dans le vivre ensemble, nous ne faisons que préserver nos intérêts immédiats. Les taux d’abstention de plus en plus élevés aux élections confirment cette tendance de fond. La diminution du temps de travail est au cœur du projet de civilisation. Du temps pour vivre, c’est du temps pour créer et du temps pour s’impliquer.

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