
dimanche 18 décembre 2011
Création monétaire et triple A

mardi 13 décembre 2011
lundi 12 décembre 2011
Un futur inacceptable
Nucléaire
: le moyen le plus dangereux de faire bouillir de l’eau
Le caractère mystérieux de l’énergie nucléaire et l’aura
scientifique qui l’entoure masquent pour beaucoup la réalité de son utilisation
dans les centrales nucléaires : il s’agit de chauffer de l’eau sous une
pression suffisante, ou de la faire bouillir, afin de produire de la vapeur
produisant à son tour de l’électricité grâce à un turboalternateur, comme dans
une chaudière à charbon. Un réacteur nucléaire est une chaudière dans laquelle
la chaleur, au lieu d’être produite par la combustion du charbon par exemple,
est produite par la fission des noyaux d’uranium 235 contenus dans le
combustible (des «crayons» d’uranium ou d’oxyde d’uranium).
Par BERNARD LAPONCHE Polytechnicien,
docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, expert en politiques
de l'énergie et de maîtrise de l'énergie - Libération - Le 24 Mars 2011

Quelle énergie pour l'avenir ?
“Il y a une
forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe”
Bernard Laponche - ENTRETIEN Télérama n° 3205 - Le 19 juin 2011
Physicien nucléaire, polytechnicien, Bernard Laponche est
formel : la France est dans l'erreur. Avec le nucléaire, elle s'obstine à
privilégier une énergie non seulement dangereuse mais obsolète. Alors que
d'autres solutions existent, grâce auxquelles les Allemands ont déjà commencé
leur transition énergétique.

France, peut-on sortir du nucléaire ?
Le choc de Fukushima a
conduit à poser une question
longtemps interdite : la France peut-elle abandonner l’énergie
nucléaire ? LEMONDE.FR | 24.11.11 |
Et entre deux des meilleurs spécialistes de l’énergie. L’un, Thierry S le débat peut s’organiser, alomon, est ingénieur énergéticien, et préside
l’association négaWatt,
qui vient de publier un scénario de
transition énergétique. Quant à Bertrand Barré, il a été directeur des
réacteurs au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et attaché
nucléaire près de l’ambassade de France aux Etats-Unis. Il est aujourd'hui conseiller scientifique auprès d'Aréva. Pour la première fois, ces personnalités très opposées
échangent leurs points de vue.

dimanche 4 décembre 2011
Division du travail et répartition des revenus
Le revenu, une nécessité dans une société
de division du
travail
Alors que la zone Euro aura 800
milliards d’euros à trouver en 2012 pour se refinancer, la perte de 30000
emplois en France semble secondaire au vu des analyses. L’impression générale
est que l’emploi se dégrade à cause des plans de rigueur mis en place.
Evidemment, les plans de rigueur
diminuent la surface de consommation. Les prévisions des producteurs sont donc
pessimistes et ceux-ci réduisent leurs capacités de production pour ne pas
produire à perte. Cette réduction implique une diminution du nombre d’heures
travaillées. Dès lors des choix s’opèrent parmi les travailleurs qui sont mis
en concurrence avec un accroissement de la compétition sur les coûts. En effet,
les entreprises cherchent à diminuer leurs coûts en raison de perspectives
difficiles, et en plus, pour un même nombre de travailleurs compétents dans un
secteur, il y a moins de besoins et il peut donc faire un choix vers ceux qui
acceptent une rémunération moindre.
Libellés :
création monétaire,
Semaine de 4 jours
mardi 22 novembre 2011
La rigueur, dernier symptôme de la crise de la démocratie

vendredi 30 septembre 2011
Les questions jamais posées
“ Pour venir a bout du Problème Économique qui absorbe
maintenant nos énergies morales et matérielles, le monde occidental possède
déjà en effet les ressources et les techniques nécessaires ; il lui reste à
créer l’organisation capable de les mettre en œuvre de manière adéquate.”
Keynes
“ Voyons le but de la société. Voyons le bonheur commun, et venons après mille ans changer ces lois grossières.”
Gracchus Babœuf
Le principe de raison doit gouverner le monde. La crise nous
rappelle à l’impératif commun d’une approche rationnelle de l’économie. Devant
la gravité des événements, chacun s’interroge naturellement sur la validité des
solutions proposées et cherche à faire preuve de responsabilité. Pourtant les
questions les plus élémentaires ne sont jamais posées. Tout se passe comme si
les objectifs proposés n’avaient pour finalité que les moyens employés. Comme
si l’on devait passer sous silence la formulation de la moindre ambition collective.
vendredi 16 septembre 2011
Améliorer la santé de la population
Rapport de la Cour des Comptes
Un rapport de la Cour des Comptes, c'est important, on en parle dans la presse et au parlement… Un rapport qui parle des comptes sociaux de la nation, plus encore. Sujet sensible. La semaine passée, les commentateurs n'ont pas manqué, comme d'habitude, de désigner les prescripteurs comme responsables de l'évidente dérive…

lundi 5 septembre 2011
Une ambition sociale

Dans une République de citoyens librement associés où la légitimité démocratique règle la production, les parties prenantes de l’entreprise ne sont plus des contre-pouvoirs mais le pouvoir lui-même. Il s’invente ainsi un monde qui conjugue autonomie et solidarité, liberté et responsabilité. Ente le salariat, déresponsabilisant, souvent aliénant, et l’auto-entrepreneuriat, souvent précaire, il existe d’autres formes économiques beaucoup plus crédibles pour l’avenir de l’humanité. La gauche a le devoir de le rappeler car c’est bien en renouant avec ses aspirations profondes qu’elle pourra convaincre et rassembler sur un projet commun. Sa vocation est de déjouer l’impasse écologique et d’émanciper l’homme de la production marchande. Du gestionnaire appliqué et impuissant, il convient de passer à l’architecte audacieux et pragmatique de l’édifice social. Sans une réelle ambition politique, nous serons toujours à la merci des marchés aveugles à l’intérêt général…
Un monde pour demain

“Ce que nous pouvons faire ici
peut défaire ce qui opprime là-bas.”
La coopération nationale est la première étape vers la coopération internationale. Ce que nous pouvons faire ici peut défaire ce qui opprime là-bas. La généralisation des principes énoncés plus haut trouve son débouché dans l’Europe sociale qui doit se construire sur l’échec patent de l’Europe libérale. Mais aussi dans un soutien ardent aux pays du Sud qui ont besoin de notre apport logistique et financier, de nos
savoir-faire, de nos technologies comme de notre solidarité dans la crise écologique qui s’annonce, en dehors de toute recolonisation masquée par l’apparence de générosité du co-développement. Nous ne sortirons pas seuls de l’épreuve, mais nous pouvons ouvrir la voie.
Financer la semaine de 4 jours sans augmenter les coûts salariaux
Nous proposons que les entreprises qui passent à 4 jours et créent 10% d’emplois à plein temps en CDI cessent de payer les cotisations chômage. L’exonération totale (part patronale et part salariale) est conditionnée à la création d’emplois. C’est grâce à cette exonération que l’équilibre des comptes est possible pour l’entreprise.
Le taux de cotisations chômages est de 6,4% actuellement. Mais avec la montée du chômage à laquelle nous devons faire face, il va falloir remonter les cotisations chômage au moins au niveau de 2007 soit 8,3% sinon plus. Partons de l’hypothèse basse en gardant 8,3% comme valeur de référence qui deviendrait le taux de référence pour toutes les entreprises qui ne choisissent pas la réduction du temps de travail. Un abattement de charge de 9,1% permet de ne pas augmenter la masse salariale d’une entreprise qui embauche 10% d’emplois nouveaux.
Pour une économie sociale et solidaire

D’autres choix politiques encore sont possibles. Il existe déjà des milliers d’entreprises en France où les hommes associent leur travail et non leurs capitaux. En 2008, les coopératives, mutuelles et associations, employaient plus de 2 millions de salariés, soit plus de 12% de l’emploi du secteur privé. Entre 2000 et 2008, le nombre d’emplois créés a progressé de 17%, à un rythme bien supérieur à celui du secteur privé.
“Les décisions stratégiques se prennent en assemblée générale selon le principe « une personne = une voix ».”
Le cas des 21 000 entreprises coopératives employant 900 000 salariés est exemplaire car il préfigure ce que sera l’économie sociale et solidaire de demain. Les Scops (Société Coopérative de Production) sont des sociétés commerciales qui vivent et se développent dans le secteur concurrentiel avec les mêmes contraintes de gestion et de rentabilité que toute entreprise. Son originalité : les salariés sont associés majoritaires de l’entreprise dont ils détiennent au moins 51% du capital. Tous les salariés ont vocation à devenir associés dans des modalités définies par les associés existants et avec leur accord. Les décisions stratégiques se prennent en assemblée générale selon le principe « une personne = une voix ». Chaque membre a le même poids, quel que soit son apport en capital.
Les pouvoirs publics ont un rôle clé à jouer pour accélérer ou freiner le mouvement. Une des priorités de la Banque Publique d’Investissement sera de financer, soutenir, encourager l’économie sociale et solidaire avec une vraie politique de soutien accordé à leurs réseaux pour qu’ils créent une situation de confiance permettant aux entrepreneurs de se lancer et de faire perdurer leurs entreprises. Ne cherchons pas plus loin l’alternative entre monopole d’Etat et libéralisme.
Un dépassement du capitalisme

“C’est l’étape que doit franchir la civilisation afin de se protéger de la marchandisation du monde...”
Ce qui caractérise le capitaliste moderne, c’est l’appropriation financière du capital par l’actionnaire. L’apporteur de capitaux dispose de l’activité commerciale de l’entreprise, de ses bénéfices, de la plus-value éventuelle en cas de cession du capital et décide de son activité comme du niveau de rémunération du personnel. Le pouvoir politique dans l’entreprise est donc indexé sur la capacité financière, celle qui permet de rentrer au conseil d’administration et de se réserver les bénéfices de l’entreprise. À la règle démocratique « un homme = une voix » se substitue celle « d’une action = une voix ». Il faut donc inverser le processus pour reconquérir une capacité de délibération collective sur la forme de vie qui nous rassemble. Car un système, qui n’accorde le pouvoir qu’à la capacité financière de celui qui l’exerce, ne peut être qu’aveugle au projet de justice sociale de l’économie réelle. Il ne peut développer qu’une vision à court terme où l’œil est rivé aux critères de rentabilité. On ne peut demander à un banquier de renoncer à ses profits pas plus qu’on ne peut espérer voir le tigre devenir végétarien.
Pour préserver l’humanité de la cupidité du régime d’accumulation, il faut remettre « le culte du profit » entre les mains de l’intelligence collective, au même titre que le pouvoir du monarque doit être transféré entre les mains des électeurs pour contraindre sa capacité de nuisance. C’est l’étape que doit franchir la civilisation afin de se protéger de la marchandisation du monde et du cortège de drames écologiques et humains qui l’accompagne. L’extraction de la valeur et l’utilisation qui en est faite doivent être soumises au contrôle des populations, c’est-à-dire au contrôle de ceux qui la produise, de ceux qui en ont besoin, les salariés eux-mêmes. L’équation salariés, actionnaires, consommateurs trouve sa résolution dans une démocratie économique sociale et solidaire au service de tous.
Récupération des intérêts de la création monétaire
Un autre aspect de la création monétaire est choquant. Quant une banque prête 100 euros, elle n’est tenue de posséder en moyenne que 8 euros en fonds propres. Le reste, elle le crée ex nihilo. C’est-à-dire que les banques privées ont le pouvoir de créer de la monnaie scripturale (deposit money) pour financer des emprunts par un simple jeu d’écriture. Seulement, quand celles-ci font payer des intérêts, elles ne les font pas courir sur les 8% qu’elle possède réellement mais sur l’ensemble de la somme mise à disposition. Se pose alors la question de la légitimité d’une transaction qui permet de faire du profit sur de l’argent que l’on ne possède pas et qui ne coûte rien ou si peu. Le prix du crédit devrait plutôt être calculé sur la base du taux directeur de la banque centrale (très faible) pour la part qui relève de la création monétaire, plus un petit quelque chose pour couvrir les coûts de structure et fournir une marge modérée permettant de financer des investissements de développement matériel et technique.
“La confiscation des intérêts résultant de l’usage d’un droit collectif au profit du système financier et d’intérêts privés n’est pas tolérable.”
« Seul l’Etat a le droit de battre monnaie » : voici la seule chose que l’on apprend couramment à l’école à propos de la monnaie. Cette formule consacrée marque le fait que la monnaie est un bien collectif, un bien public et que sa création relève donc de la responsabilité collective. Si la création monétaire se trouve être génératrice de recettes, il appartient donc à la collectivité de les récupérer. La confiscation des intérêts résultant de l’usage d’un droit collectif au profit du système financier et d’intérêts privés n’est pas tolérable. Nous demandons la fiscalisation totale des intérêts de la création monétaire dans le cas où ils sont maintenus. Les recettes supplémentaires obtenues par ce biais (plusieurs de dizaines de milliards d’euros) financeront la réduction de la dette publique et les investissements d’avenir. On peut envisager aussi une distribution de cette manne financière sous la forme d’un revenu universel versé à l’ensemble des citoyens dont l’effet direct sera une optimisation des échanges économiques réels.
Le prix de notre avenir écologique
Le chiffrage précis du plan d’investissement proposé nécessitera un travail approfondi et de nombreuses expertises dans les différents domaines traités. Cependant, en s’appuyant sur des études réalisées notamment au Royaume-Uni et par le PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement), il semble cohérent d’y consacrer entre 3 et 4 % du PIB par an, soit entre 60 et 80 milliards d’euros. Cet effort doit être poursuivi sur le long terme, c’est-à-dire sur une période d’au moins 10 ans. Cet horizon est raisonnable, en raison de l’importance et de la complexité des sujets abordés.
Compte tenu de l’impact majeur sur notre modèle économique et des montants importants à y consacrer, ce processus doit être piloté de façon transparente et démocratique. Les objectifs du plan et les critères de choix des investissements devront faire l’objet de procédures de consultation et de concertation élargies. Ils seront soumis aux Assemblées. Une agence publique d’investissement aurait, ensuite, en charge de mettre en œuvre le programme d’investissement et d’accompagner le développement du tissu de PME, PMI qui sera généré par ces nouveaux secteurs d’activité. Des points d’étape réguliers de l’avancement du plan d’investissement seraient publiés régulièrement sur un site Internet dédié et présentés devant l’assemblée et/ou une commission du développement durable.
En plus des créations d’emploi qu’ils génèrent, les investissements écologiques ont nécessairement une dimension économique et sociale : placer notre pays en situation de s’adapter aux conditions du XXIè siècle.
Les entreprises pollueuses devront payer. L’impôt reste encore le meilleur moyen de s’assurer de leur contribution. La lutte contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale devient un objectif de premier plan. 5 000 milliards sont drainés chaque année par les paradis fiscaux et réduisent ainsi fortement les marges de manœuvre des Etats. Nous savons aussi que ce sont les entreprises du CAC40, par le jeu de leurs filiales, qui paient moins d’impôts sur les bénéfices (le taux "implicite" d'imposition qui est de 30 % pour les entreprises de moins de neuf salariés et passe à 13 % pour les entreprises de plus de 2 000 salariés et 8 % pour les entreprises du CAC40). De vrais moyens devront être attribués au Trésor Public et nous verrons affluer des recettes confortables pour envisager les investissements d’avenir.
L’enjeu est malgré tout trop considérable pour risquer de ne pas disposer des moyens nécessaires pour financer la transition écologique à l’échelle du territoire, le recours à l’emprunt sera déterminant pour gagner la bataille sociale et écologique.
Un enjeu de société

Contrairement à certaines idées reçues, la pénibilité physique s’est aussi accrue même si elle a changé de nature par rapport au début du siècle. En 2008, 52 000 personnes souffraient d’une de ces affections qui touchent le dos, les épaules, les poignets où encore les genoux. Les risques psychosociaux représentent aujourd’hui un coût direct et indirect de l’ordre de 55 à 60 milliards d’euros.
“Sans disponibilité et sans sécurité matérielle, nous ne pouvons nous impliquer dans le vivre ensemble...”
Pour conjuguer efficacité et bien-être social, il devient impératif de diminuer le volume horaire des salariés. Nous sommes arrivés au moment charnière de notre histoire où la performance des moyens de production doit libérer le temps nécessaire à la récupération mais aussi permettre l’accomplissement d’une meilleure cohésion sociale. Trois jours libres par semaine ou bien un week-end de 4 jours toutes les deux semaines, ou encore une semaine de libre sur 5… (les modalités sont multiples) permettent d’organiser autrement ses loisirs et ouvrent ainsi le champ des possibles : du temps pour se consacrer à sa vie de famille, à l’éducation de ses enfants mais aussi du temps pour son épanouissement personnel, pour la culture, la citoyenneté, l’engagement politique ou associatif. Développer la formation continue tout au long de sa vie permettrait de rompre avec le découpage arbitraire « école, travail, retraite » qui rythme nos vies.
Le fondement de toute société démocratique est bien de mettre chaque citoyen en situation de participer pleinement aux décisions collectives. Sans disponibilité et sans sécurité matérielle, nous ne pouvons nous impliquer dans le vivre ensemble, nous ne faisons que préserver nos intérêts immédiats. Les taux d’abstention de plus en plus élevés aux élections confirment cette tendance de fond. La diminution du temps de travail est au cœur du projet de civilisation. Du temps pour vivre, c’est du temps pour créer et du temps pour s’impliquer.
Augmenter les salaires
L’augmentation des salaires repose sur des mécanismes simples à mettre en place. D’abord empêcher que la création de richesses des entreprises ne soit captée par des actionnaires qui demandent un taux de rentabilité inconsidéré. Actuellement, le capitalisme actionnarial prélève plus d’argent sur les entreprises qu’il n’en apporte. Nous sommes dans un capitalisme d’usure. Il faut donc :
“Si le patron s’augmente, il doit nécessairement augmenter le salaire de base.”

Au-dessus d’un certain seuil, tout est imposé à 100%, ce qui obligera à réinvestir dans le capital de l’entreprise.
• Limiter l’éventail des salaires pour éviter que la répartition des profits ne se concentre en haut de la pyramide, c’est-à-dire entre les mains de l’équipe dirigeante. L’écart entre le plus bas et le plus haut salaire ne doit pas dépasser 1 à 20 (et pas seulement dans les 52 entreprises disposants de capitaux publics, ce qui revient à ne rien faire). Si le patron s’augmente, il doit nécessairement augmenter le salaire de base. Rockefeller préconisait lui-même un écart maximum de 1 à 40. Nous sommes aujourd’hui dans un rapport de 1 à plus de 400 (hors sociétés financières). Dans l’économie sociale et solidaire, l’écart imposé est de 1 à 10. Avec 1 à 20, nous suivons les recommandations de la Confédération Européenne des Syndicats.
• Indexer les salaires sur l’inflation (comme en Belgique ou au Luxembourg), pour qu’il ne s’installe pas un décalage croissant entre le niveau de vie d’une partie de la population et l’augmentation des prix.
Une révolution technologique

Contrairement
aux idées reçues, le chômage n’est ni une fatalité, ni le résultat des
délocalisations ou d’un manque de croissance. Sur les 30 dernières années, les
délocalisations ne représentent que 13% des emplois détruits. C’est toujours
trop pour les secteurs concernés, mais inversement
nous savons aussi que la France est une des premières destinations pour
l’investissement des capitaux étrangers. Cela crée aussi des emplois, environ 35 000 par ans. Non, les
délocalisations n’expliquent pas le chômage de masse.
Les répercussions de l’innovation technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans les années à venir.”
La vraie raison est
ailleurs : la grande majorité des destructions d’emploi est due aux gains
de productivité. Nous produisons de plus en plus avec de moins en moins de
travail humain, voilà la principale raison.
Comme le pensait Keynes dans la première partie du XXe siècle : « Nous souffrons d’une nouvelle maladie dont
certains lecteurs ignorent peut-être encore le nom, mais dont ils entendront
abondamment parler dans les années à venir, le ”chômage technologique”. Il
s’agit du chômage dû à notre découverte de moyens d’économiser le recours au
travail à un rythme qui surpasse celui auquel nous sommes capables de trouver
de nouveaux usages pour celui-ci ». Il imaginait une semaine de 15 heures au début du XXIe
siècle, parce qu’il pensait que nous n’aurions plus besoin de travailler autant
pour satisfaire nos besoins matériels. Nous en sommes très loin avec notre
moyenne de 41 heures par semaine en France. Pourtant le caractère
visionnaire de la déclaration prend toute sa mesure
depuis la révolution informatique qui nous a permis de multiplier par 5 notre
productivité depuis 1960. Et ce n’est pas fini, le nombre de transistors que
l’on sait placer sur une carte électronique double tous les deux ans, à coût
constant. Ce phénomène ne concerne pas exclusivement l’électronique : tous les
domaines scientifiques semblent posséder le même rythme d’accélération, de
manière parallèle, chacun nourrissant l’un l’autre. Selon une étude syndicale
allemande, seul 5% des nouvelles technologies disponibles seraient actuellement
exploités. Les répercussions de l’innovation
technologique sur l’efficacité productive vont être considérables dans
les années à venir.
Si
nous ne partageons pas rapidement le travail nous ne ferons qu’aggraver les
tensions sociales entre deux catégories de la population : ceux qui n’ont pas
de travail, les exclus de la société, et ceux qui ont un emploi mais subissent
la pression du chômage avec une déflation salariale qui s’accompagne d’une souffrance au travail liée à l’intensification
des cadences et aux nouvelles méthodes de management. Une situation absurde qui
ne profite qu’à une minorité d’actionnaires s’appuyant sur la mise en
concurrence des salariés et la peur du licenciement.
Mais pour combien de temps ? Qui consommera quand la majorité des salaires se
sera effondrée ? Sur quel marché intérieur nos
entreprises pourront-elles s’appuyées ?
Une profonde crise sociale

“Sans cette incurie budgétaire le financement de nos système sociaux ne poserait aucun problème.”
Quant à l’endettement des foyers, il explose. De plus en plus de ménages sont contraints de vivre à crédit (prêts à la consommation, prêts immobiliers, crédit revolving…) pour faire face aux dépenses courantes. Malheureusement, on ne compense pas indéfiniment la perte de salaire, l’augmentation des loyers et l’inflation des prix par l’endettement. Le maillon faible a lâché aux Etats-Unis. Cela aurait très bien pu se produire, un peu plus tard, en France. Sarkozy ne voulait-il pas, durant sa campagne, importer dans notre pays le principe des subprimes, ce crédit immobilier pour les pauvres qui a causé la catastrophe de 2008 ?
A cela s’ajoute une baisse des recettes sans précédent. Nous avons abandonné 100 milliards d’euros (rapport parlementaire) en réduction d’impôts pour les plus riches. Sans cette incurie budgétaire le financement de nos système sociaux ne poserait aucun problème.
Ce n’est donc pas à une crise financière à laquelle nous sommes confrontés en dernier lieu mais bien à une profonde crise sociale, une crise de répartition des richesses. Pour agir en conséquence, il ne faut pas se tromper de diagnostic sur les causes qui l’ont engendrée.
La gauche face à ses responsabilités

Les appels à la moralisation du capitalisme n’ont rien changé depuis 2008 et n’y changeront rien. Les marchés sont irresponsables et la spéculation n’a qu’une issue : le désastre programmé du système financier.
“Derrière les malversations de la crise financière, il y a une crise avant tout sociale qui prend sa source dans le disfonctionnement de l’économie réelle.”
Pour autant, aucun de nos dirigeants ne prend ses responsabilités pour éviter le drame qui plongera toute l’économie dans le chaos. Ce ne sont pas les quelques mesures « prudentielles » pour encadrer les transactions financières qui pourront empêcher le pillage de l’économie réelle. Les entreprises sont, aujourd’hui, à la merci des actionnaires qui demandent des taux de retour sur investissements insoutenables. Derrière les malversations de la crise financière, il y a une crise avant tout sociale qui prend sa source dans le disfonctionnement de l’économie réelle. Une crise des salaires et du travail mais aussi une crise écologique qui demandent des réponses en rupture avec le modèle de développement actuel. Nous sommes au moment charnière où la gauche doit prendre ses responsabilités sous peine de voir s’imposer, hélas, toujours plus avant, des politiques sécuritaires où les luttes sociales sont criminalisées, les immigrées sont des boucs émissaires et nos systèmes de solidarité sont menacés par la mise en concurrence effrénée de tous les salariés entre eux au sein de l’économie marchande. La finance doit être cadenassée et l’économie réelle orientée vers la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux. Un autre modèle de développement doit être mis en place.
Mesures d’urgence
• Rétablir d’urgence un cordon sanitaire entre les banques de dépôts et les banques d’affaires pour éviter la contagion du krach bousier à l’épargne nationale, comme l’on fait les islandais et comme ce fut le cas après-guerre.
• Reprise des commandes par l’Etat en imposant une progressivité de l’impôt qui augmente les prélèvements sur les plus riches et sur les grandes entreprises. L’effort national réparti équitablement améliorera les recettes fiscales afin de retrouver un équilibre de trésorerie permettant une efficacité accrue des services publics et des couvertures sociales en temps de crise.
• Faire racheter les titres de dette souveraine par la BCE afin de soumettre les marchés et ne plus payer les intérêts exorbitants qui creusent notre déficit. Le gouvernement peut aussi requérir d’un pôle bancaire public qu’il opère des avances de trésorerie libellées en euro pour couvrir une partie de la dette publique qui serait ainsi rachetée par échange de bons du Trésor.
• Mettre en place rapidement un Pôle bancaire public qui viendra irriguer l’ensemble du tissu économique français. Ce dernier pourra se refinancer aux taux très bas de la BCE — comme les principaux acteurs du marché — mais prêtera à des taux d’intérêts raisonnables aux entreprises qui ont besoin de se développer et d’innover. Il sera soumis au contrôle de la population pour orienter l’attribution des emprunts vers les investissements utiles et protègera l’économie d’une contraction brutale du crédit au moment fatal du prochain krach boursier.
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