Le Monde.fr | 29.05.2012
Des jeunes et des bénévoles du Secours populaire
sur le Champ-de-Mars.
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Dans les pays riches, ce sont les pays nordiques qui semblent lutter le plus efficacement contre la pauvreté des
enfants, alors que la France,
malgré une forte dépense publique en la matière, compte près de 10 % d'enfants
pauvres, souligne mardi 29 mai un rapport de l'Unicef. Ce rapport du Fonds des Nations
unies pour l'enfance compare deux types de pauvreté dans les économies
mondiales les plus avancées : l'une basée sur les privations des enfants,
l'autre mesurant la pauvreté relative. Basé sur des données de 2009, il ne
tient pas compte des conséquences de la crise économique.
Le premier critère de comparaison, un indice de privation, révèle la
proportion d'enfants n'ayant pas accès dans chaque pays à au moins deux de 14
variables considérées comme normales (par exemple trois repas par jour ou des
fruits et légumes frais tous les jours). Résultat : dans les 31 pays européens
considérés, 15 % environ des enfants sont "privés" d'au moins
deux éléments essentiels.
Les taux les plus élevés de privation se trouvent dans les pays les
plus pauvres comme la Roumanie,
la Bulgarie et le Portugal (respectivement plus de 70
%, 50 % et 27 %). Les pays nordiques affichent les taux les plus bas,
inférieurs à 3 %. Parmi les 14 pays les plus riches, deux ont un taux de
privation des enfants supérieur à 10 % : la France (10,1 %) et l'Italie (13,3 %). La France est
pourtant le pays qui a la plus forte dépense publique pour ses enfants (3,7 %
de son PIB contre 2,2 % pour la moyenne des pays étudiés), relève le rapport.
EN FRANCE, LA "PAUVRETÉ BRUTE" FRISE LES 20 %
Le second critère étudié est la pauvreté relative, soit le pourcentage
d'enfants vivant dans des ménages dont le revenu disponible, ajusté en fonction
de la taille et la composition de la famille, est inférieur à 50 % du revenu
médian national du pays dans lequel ils vivent. Là encore, les pays nordiques
et les Pays-Bas affichent
les taux les moins élevés de pauvreté relative pour les enfants, à environ 7 %.
A l'opposé, plus de 20 % des enfants de Roumanie et des Etats-Unis vivent dans
la pauvreté relative. Seuls le Danemark,
la Finlande, l'Islande, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et Chypre sont bien classés pour les
deux critères.
"La comparaison entre les pays similaires démontre que les
politiques gouvernementales peuvent avoir un impact significatif sur la vie des
enfants", estime l'Unicef. Par exemple, le Danemark et la Suède ont des taux de
privation bien plus bas que la Belgique ou
l'Allemagne, bien que ces quatre
pays aient des niveaux similaires de développement économique et de revenus par
habitant, souligne le fonds.
Le rapport indique aussi que le taux de pauvreté brute des enfants en
France (avant allocations et mesures fiscales) frise les 20 % mais est atténué
par des mesures de compensation qui ramènent ce taux à 8,8 % d'enfants en
situation de pauvreté relative. Ce résultat place la France en 14e position
des 35 pays étudiés. "La France consent un effort financier
conséquent dans les allocations, réductions fiscales ou dans la politique familiale, ce qui a
un impact évident, mais peut-être d'une efficacité moindre que dans d'autres
pays", souligne Nathalie Serruques, responsable de la mission enfance pour
l'Unicef en France. Certains pays sont nettement plus performants : avec des
dépenses moins importantes, ils réduisent plus fortement la pauvreté des
enfants, fait valoir le fonds.
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