vendredi 25 mai 2012

Partage du travail : le moyen pour les Etats de réduire le chômage aux Etats-Unis

“ Individuellement les Etats américains devraient mettre en œuvre une politique de « partage du travail » par la réduction d’heures travaillées plutôt que de licencier. 
    
Par Dean Baker co-directeur du Centre pour la Recherche Économique et Politique, basé à Washington, DC - Aljazeera 18 Avr 2012 

Dean Baker 
Il est clair que nous n'allons pas avoir une action d'envergure du gouvernement fédéral pour réduire le chômage de sitôt. Il n'y a aucun espoir que le prochain Congrès soutienne une autre série de relance et l'espoir n'est pas beaucoup plus grand pour le suivant, même si les Démocrates en reprennent le contrôle.

Cela signifie que nous nous dirigeons vers un rétablissement lent et pénible. En supposant que l'économie continue de générer 200.000 emplois par mois, à peu près sa moyenne au cours des trois derniers mois, nous ne reviendrons pas à des niveaux plus normaux de chômage avant la fin de la décennie.


Et il est fort possible que cela empire. Cette situation suppose une reprise durable pendant plus d'une décennie que les États-Unis n'ont jamais connue.

Cela veut dire que nous devrions nous attendre à voir un marché du travail dans lequel des millions de travailleurs seront incapables dans l'avenir de trouver des emplois durables. Ils seront incapables d’entretenir adéquatement leurs familles, et pourront même perdre leurs maisons, tout cela parce que les gens en charge de la conduite de la politique économique ne savent pas ce qu'ils font.


“ il y a une politique que les États peuvent poursuivre qui pourrait faire une réelle différence  

Tandis que la politique économique est ce qui se fait de mieux au niveau national, à la suite du projet de loi qui a étendu la réduction d'impôt sur les salaires, il y a une politique que les États peuvent poursuivre qui pourrait faire une réelle différence. 

Tandis que la politique économique est ce qui se fait de mieux au niveau national, à la suite du projet de loi qui a étendu la réduction d'impôt sur les salaires, il y a une politique que les États peuvent poursuivre qui pourrait faire une réelle différence. Ce projet de loi a inclus une disposition qui prévoit que le gouvernement fédéral peut payer les dépenses des Etats liées au partage du travail comme la partie du régime d’assurance chômage. Cela signifie que les États peuvent économiser beaucoup d'argent s’ils peuvent encourager les employeurs à utiliser le partage du travail comme une alternative aux licenciements.

Le partage du travail, formellement connu sous le nom "temps partiel", est un arrangement en vertu duquel les employeurs réduisent les heures de leur main-d’œuvre existante au lieu de licencier des travailleurs. Par exemple, si un employeur allait licencier 10 travailleurs, il peut au lieu de cela avoir la même réduction de temps de travail en réduisant les heures de 50 travailleurs de 20 pour cent.

Dans le cadre du régime d'assurance chômage, les travailleurs ont normalement droit à environ la moitié de leur salaire s’ils sont licenciés. Dans le cadre du système de temps partiel, le gouvernement prend en charge environ la moitié des pertes de salaire pour les travailleurs qui ont été mis en temps partiel. Dans cet exemple, si les heures ont été réduites de 20 %, le gouvernement verse la moitié de la perte de salaire, soit 10 % du salaire total. Cela laisse au travailleur 90 % de son ancien salaire tandis qu’il ne travaille que 80 % du temps.

Le projet de loi qui a étendu la diminution de la taxe sur les salaires a inclu une disposition qui a été reprise d'un projet de loi proposé à l’origine par le sénateur Jack Reed et la Représentante Rosa DeLauro qui autorise le remboursement des Etats de l'argent qu'ils consacrent à leur programme de temps partiel. Cela donne 23 États qui ont déjà mis en place des programmes de temps partiel, un énorme encouragement pour promouvoir le partage du travail comme une alternative au licenciement des travailleurs.

 une politique qui à l'heure actuelle offre aussi le meilleur espoir pour ramener le chômage à des niveaux plus acceptables avant la fin de la décennie  

Alors que les allocations chômage qui sont versée aux travailleurs licenciés viennent directement de la caisse de l'Etat l'assurance-chômage, l'État serait remboursé à 100 % pour l'argent versé aux travailleurs qui ont réduit leurs heures. Les États qui n’ont pas actuellement de programme en place pourraient également recevoir de l'argent fédéral pour établir des programmes de travail à temps partiel.
 À l'heure actuelle, moins de 40.000 travailleurs sont dans tout le pays sur des programmes de travail de temps partiel. Pour augmenter ce nombre, les États devront d'abord rendre public le système. Beaucoup d'employés ne savent même pas que le programme existe.

Les États devraient également essayer d'augmenter la flexibilité du système. La plupart de ces programmes ont été mis en place il y a plus de 30 ans. Dans de nombreux cas, ils sont trop bureaucratiques. Par exemple, un employeur peut être tenu de préciser à l'avance exactement où les travailleurs auront leurs heures réduites, et sur combien de temps pendant une période de trois à six mois. De telles restrictions peuvent rendre le système de temps partiel suffisamment peu attrayant pour que peu d'employeurs veuillent s’engager dans cette voie.

Cependant, il y a eu des réussites notables. Le taux de chômage en Allemagne est inférieure aujourd'hui qu'au début de la récession en grande partie parce que les employeurs ont été encouragé à maintenir leurs masse salariale, travailler moins d'heures plutôt que licencier. Sa croissance a été meilleure que la croissance des États-Unis au cours des quatre dernières années.

Il y a aussi des exemples aux États-Unis d’entreprises qui utilisent le partage du travail efficacement. En plus de garder les travailleurs au travail, les entreprises ont pour bénéfices également de retenir des employés qualifiés. En conséquence, lorsque la demande se redressera, ils n’auront qu’à augmenter les heures plutôt que de rechercher et de former de nouveaux travailleurs.

Il pourrait également y avoir des avantages à long terme dans le partage du travail. Les travailleurs des États-Unis passent beaucoup plus d'heures au travail que leurs homologues dans d'autres pays riches. Nous sommes le seul pays riche qui ne garantit pas aux travailleurs une certaine quantité de congés payés, congés maladie, ou un congé parental. Si le partage du travail habitue les travailleurs à l'idée de travailler moins pour un salaire un peu moindre, peut-être que cela conduira à une nouvelle poussée pour obtenir le genre de garanti sur les congés que les travailleurs des autres pays tiennent pour acquis. Ce serait un énorme bonus pour une politique qui à l'heure actuelle offre aussi le meilleur espoir pour ramener le chômage à des niveaux plus acceptables avant la fin de la décennie.

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