Des conditions de travail dégradées et des inégalités des revenus accrues
Par Kamira Delli Rue89 Publié le 28/03/2013 à 18h46
Le taux de pauvreté, et en particulier celui des enfants, a
augmenté de 2,2 points entre 2000 et 2005. Le nombre de travailleurs
pauvres est passé de 4,8% à 7,5%, et le taux de pauvreté parmi les chômeurs a
explosé de 41% à 68% entre 2004 et 2010. Le droit du travail a été
complètement détricoté : les contrats à durée déterminée et l’intérim sont
devenus la norme et non plus l’exception. Ainsi, le recours à l’intérim a été
multiplié par 2,7 et le temps partiel a bondi de 33%.
Parallèlement, le système d’indemnisation chômage a été
profondément réformé, la durée d’indemnisation a été raccourcie, faisant
basculer dans la pauvreté un grand nombre de chômeurs en fin de droit. En
effet, le revenu minimum en Allemagne (l’équivalent de notre RSA) est bien
inférieur au seuil de pauvreté et ne représente pas un véritable filet de
protection sociale.
Des chômeurs mieux
accompagnés
En effet, si le chômage n’a pas cru pendant la crise, c’est
aussi grâce à un dialogue social de qualité qui a permis de mettre en place une
flexibilité gagnante de la durée du travail, à travers par exemple du temps
partiel temporaire et la mise en place de comptes épargne-temps. La baisse du
temps de travail individuel a peu impacté les salaires car les entreprises ont
joué le jeu en rognant d’abord sur leurs marges. De même, l’accompagnement des
chômeurs a été fortement amélioré et les contrats aidés ont apporté
d’excellents résultats en matière de réinsertion des chômeurs de longue durée.
En revanche, la paupérisation des chômeurs et des
travailleurs précaires a exercé une pression globale à la baisse des salaires.
Les écarts de revenus se sont donc creusés, et les plus pauvres ont vu leur
pouvoir d’achat se dégrader bien plus que la moyenne.
La compétitivité allemande a donc un prix : la
précarisation des travailleurs et la paupérisation des catégories déjà les plus
fragiles. Répétons-le donc, ce modèle allemand, trop souvent érigé en exemple,
est loin du tableau idyllique que l’on en fait. Il est crucial de ne pas
confondre flexibilité et compétitivité, car lorsqu’on offre aux entreprises la
possibilité de licencier plus facilement leurs salariés en temps crise, et de
recourir à des formes d’emploi atypiques (intérim, temps partiel), il ne faut
pas s’étonner de voir les
conditions de travail se dégrader et les inégalités de revenus s’accroître.
Les Allemands offriront-ils une session de rattrapage aux
sociaux-démocrates en 2014 ? Ce qui est sûr, c’est que le chapitre
« compétitivité » est à sérieusement réviser.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire