Diagnostic

La croissance n’est pas la solution

Le discours actuel prône une sortie de crise par un retour à la croissance. Une erreur de diagnostic encore répandue chez beaucoup d’économistes. Même si celle-ci est souhaitable dans certains domaines (logements, lien social, services publics…), elle rentre en contradiction avec la nécessité de s’orienter vers une sobriété économique dans la consommation énergétique comme dans celle des biens matériels. Ainsi, l’économiste britannique Nicholas Stern déclarait en 2009 : 
« Les pays riches vont devoir oublier la croissance s’ils veulent stopper le changement climatique ». Nous ne pouvons soutenir une croissance infinie dans un monde fini surtout quand la décence nous impose de rééquilibrer les échanges avec les pays du Sud. Le partage des richesses naturelles est un enjeu stratégique pour éviter qu’un contentieux n’éclate entre puissances industrielles préparant à d’inévitables conflits militaires. 

À moyen terme, la croissance ne crée pas d’emplois, elle en détruit.”

L’impasse écologique ne pourra être surmontée que par une réorientation de notre modèle de développement vers des modes de productions durables donc respectueux de l’environnement. Mais là encore, cela ne représente pas une solution au chômage de masse. La création d’emplois verts est évaluée autour de 300 000 postes. Un volume largement insuffisant pour rééquilibrer le marché du travail qui est déjà lourd de ses 6 millions de sans-emplois, ce qui veut dire un chômage réel de 12 à 14%. 

Mais surtout, ce que ne veulent pas entendre les défenseurs de la croissance, c’est qu’elle s’accompagne nécessairement de gains de productivité supplémentaires qui réduisent la part du travail humain. À moyen terme, la croissance ne crée pas d’emplois, elle en détruit. Rien que pendant les 6 dernières années qui ont précédé la crise des subprimes, l’industrie française a perdu 476.000 emplois alors que la production industrielle sur le territoire national n’a fait qu’augmenter et ceci malgré les délocalisations. La production réalisée en France avait encore augmenté de 1,7% en 2007. Déjà durant les Trente Glorieuses (1949-1973), alors que la croissance annuelle était de plus de 5%, le nombre total d’heures travaillées en France a décru de 6% soit de plus de 2 milliards d’heures !

L’enjeu n’est donc pas de créer plus de richesses mais de produire la richesse autrement et de mieux la partager pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux.

Redistribuer la richesse produite

La France n’a jamais été aussi riche. Chaque adulte dispose d’un revenu moyen avant impôts de 2 800 euros par mois et possède un patrimoine moyen équivalent de près de six années de revenu moyen. Le patrimoine privé moyen a doublé depuis les années 1950. La répartition des richesses n’est malheureusement pas aussi mécanique. 10% des Français les plus riches en patrimoine (5 millions de personnes) détiennent 62% du patrimoine total. Cela montre tout de même que la 6e puissance économique mondiale a parfaitement les moyens de sa politique sociale. Comme le dit Stéphane Hessel dans Indignez-vous : « Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes [sociales] alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la libération, période où l’Europe était ruinée ». 

En trente ans, nous avons multiplié par trois la création de richesse (biens matériels et services) avec une efficacité qui fait de nous un des champions de la productivité. Nous devons donc répartir au mieux les énormes gains de productivité accumulés sur le territoire national. Pour cela, il y a deux moyens qu’il faut employer conjointement : augmenter les salaires et diminuer le temps de travail. Le premier redynamisera notre marché intérieur pour une consommation durable et le second permettra de renouer avec le plein-emploi pour que chacun accède à un revenu décent et sorte de la précarité. 

Lire aussi :

5 commentaires:

  1. Aucun pays ne pourra survivre sans une recherche sans cesse renouvelé, c'est une CROISSANCE!!!

    Ce mot CROISSANCE est donc erroné,

    Ce que nous devons éliminés c'est la surconsommation des biens et des services inutiles (ex:40% des médicaments)...

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  2. Ce qui est entendu par croissance dans le discours politique actuel, c'est la croissance du PIB. c'est-à-dire la croissance de la production sur des critères qui ne tiennent pas compte de destruction des richesses naturelles. Mais bien sûr que de nombreux domaines nécessitent de la croissance comme l'agriculture biologique, l'éducation, les transports collectifs,le lien social...
    Seulement nous devons combattre le langage dominant.

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  3. Euh bon la dessus il faut:
    -se souvenir du discours de Hollande à la Rochelle en 2011
    Après 1h34 http://www.youtube.com/watch?v=vBiABRmZ54U
    Sommet de dialectique Hollandaise..
    -la meilleurs façon de réduire la dette exponentielle la croissance (théorie dynamique de la dette).
    Donc économiquement pas trop d'hésitation: la croissance est plus que nécessaire. Si possible une croissance le moins possible basée sur la consommation..

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  4. Une piste pour réduire de 50% (et plus..) le deficit commercial en 10 ans,
    qui est du à 80% à un déficit en énergie.
    Pour cela mettre le paquet sur quelques pistes trés prometeuses:
    -la production de pétrole à partir des algues, http://fr.wikipedia.org/wiki/Algocarburant
    -du pétrole à partir de l'eau de mer:
    http://www.usinenouvelle.com/article/du-carburant-a-partir-d-eau-de-mer.N183495
    -Développer l'éolien --terrestre-- (le plus rentable) en France, qui est clairement sou exploité en Normandie, région Nord,
    Bretagne..
    http://www.greenunivers.com/2012/10/bataille-de-chiffres-sur-le-potentiel-eolien-terrestre-francais-87488/

    -Se donner les moyens d'une politique fiscale --très avantageuse-- pour:
    -les véhicules hybrides (plutot que les 100% éléctriques)
    -l'isolation des résidences principales, secondaires, les pompes à chaleur..
    Tva nulle certains matériaux isolation, défiscalisations pouvant etre étalées sur 5-10 ans..
    Pour cela il faut trouver les moyens financiers de consentir de tels abatements d'impots.
    Moyen: augementer la tva de 0,5% chaque année pendant 5-10 ans pour:
    -créer de d'inflation ce qui on pour la soutenabilité de la dette, alors que la déflation menace:
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Soutenabilit%C3%A9_de_la_dette), et ne pas trop deprimer
    la croissance déjà atone
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  5. Le petit sursaut de croissance en 2015 du en majorité à la baisse conjointe de l'Euro et des prix du pétrole, risque de ne pas durer très longtemps:
    http://french.ruvr.ru/news/2015_01_03/Jacques-Sapir-les-prix-du-petrole-menent-les-Etats-Unis-a-la-crise-economique-et-financiere-8146/
    C'est la qu'on va commencer à s'apercevoir de la politique à double tranchant des baisses des dotations aux collectivités locales, qui supportent plus de 70% de l'investissement en France. Les autres chantiers non ouverts sont:
    -arriver à instaurer un mode d'équilibre automatique des financements de l'assurance chomage et maladie, qui représentent les plus grosses dérives de la dette au sens de maastricht avant les collectivités locales. Ces dernières sont par la loi obligées de présenter des budget en équilibre alors que l'assurance maladie emprunte sur les marchés à des taux supérieurs
    aux obligations d'état pour financer le trou de la Cades: http://fr.wikipedia.org/wiki/Caisse_d%27amortissement_de_la_dette_sociale#Financement_sur_le_march.C3.A9_obligataire.
    Cherchez l'erreur.. Pourquoi ne pas faire varier les taux de cotisation pour assurer l'équilibre?

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